03/10/2019
AVANT-PROPOS A LA RENCONTRE-DEDICACE DE FATIMATA HAMEY-WAROU
Auteure du livre Mon père, ce tirailleur nigérien (Ed. L’Harmattan, 2019) - Maison Internationale de Rennes le 8 novembre 2019 à 19h - Auditorium de l’Espace international Pierre Jaffry - Soirée animée par Marie et Gilles CLAINCHARD (APIVE, MATA et AREHVIE-ASIHVIF)
Ce livre de Fatimata Hamey-Warou a été un moyen pour elle d’approfondir le récit de vie de son père qu’elle avait commencé à écrire dans notre livre L’Arbre à Palabres & à Récits – De l’Afrique au Brésil en passant par la Bretagne (L’Harmattan, collection Histoire de Vie & Formation, 2014) où elle disait notamment : « Issue d’une famille à majorité de filles, j’ai eu la chance d’avoir un père qui était convaincu que pour réussir dans la vie, il fallait aller à l’école… Mon père, engagé dans les années 1940, faisait partie des tirailleurs sénégalais » (LERAY C., HAMEY-Warou, F., 2014, p.89).
Son livre Mon père, ce tirailleur nigérien (2019) est une façon de se réapproprier son identité et il est intéressant de noter qu’à propos du terme de « tirailleur sénégalais », l’historien malien Bakari Kamian écrit : « Les tirailleurs sénégalais, la Force noire ou l’Armée noire sont des créations spécifiques à la mentalité coloniale française qui, d’une part, se fait la championne de l’assimilation culturelle de ses sujets et, d’autre part, renforce les instruments de coercition : le travail forcé, le portage forcé, les prestations, la loi sur l’indigénat, l’arbitraire, l’injustice qui ne marquent aucun progrès par rapport à l’esclavage » (Bakari Kamian, Ed. Karthala, 2001, p.45). Ainsi, comprenons-nous mieux Fatimata lorsqu’elle continue sa lettre à son père en écrivant : « Vous n’avez jamais arrêté de me répéter que ce qui a été injuste c’est au niveau de la pension. Je sais que vous êtes mort sans avoir touché votre pension malgré les innombrables recours. Pourtant vous n’avez jamais détesté la France, ni nourri de haine, ni de colère ! C’est vous qui avez transmis à toute votre descendance l’amour de la France. Aujourd’hui, je me sens entièrement Française, même si j’ai gardé des liens avec mes sœurs et mes frères restés au Niger ».
Cette affirmation montre bien qu’elle continue d’inscrire son propos dans la continuité de son récit de vie autour de « l’Arbre à Palabres et à récits du mieux vivre ensemble », tout en donnant à son père la voix symbolique de ces tirailleurs trop longtemps oubliés par divers gouvernements, même si on a pu observer une reconnaissance tardive lors des commémorations officielles de 2018.
A ce propos, Fatimata a été invitée à réaliser deux Conférences par le Collectif AFRICA50 en partenariat avec la ville de Lyon et sa métropole, au mois de novembre 2018 à la médiathèque Jacques Prévert ainsi qu’au Centre culturel Jean Moulin de Moins. Suite à ses Conférences, elle a tenu à se rendre à la « Nécropole nationale de Chasselay » où elle a rendu hommage aux 196 tirailleurs massacrés par les SS allemands, tirailleurs originaires de différents pays d’Afrique de l’Ouest qui sont inhumés dans ce lieu de Mémoire.
Christian LERAY, Sociolinguiste associé au Centre de Recherche sur les Francophonies (CERELIF), Chargé des Relations internationales au Bureau de l’ASIHVIF
[Fiche du livre]